Le fil à coudre est aux tableaux ultraréalistes de Véronique Boyens ce que la lumière est à la photographie. Artiste pluridisciplinaire, Véronique se décrit ici comme filographe [écriture au fil] et tisse des tableaux d’un genre nouveau.

Son fil, qu’elle tend à la main aux accroches métalliques sur le pourtour du cadre, forme à lui seul le portrait, tel une toile d’araignée constituée de lignes droites uniquement. Aucune image à l’arrière plan. Le fil est continu, jamais interrompu, et n’est coupé qu’à la toute fin de la réalisation du portrait.

Ses tableaux offrent un niveau de détail et de texture difficilement concevable au regard de la structure extrêmement basique et dépouillée qui les soutient. La magie opère grâce au chevauchement de son fil qui reproduit le spectre des ombres et des lumières.

Son travail s’inspire du pouvoir qu’avaient les Moires, divinités de la mythologie grecque, de définir la destinée de chaque être humain sur Terre à l’aide d’un fil, le fil de la vie.

« Chacun d’entre nous est amené à faire de multiples choix dans la vie, petits ou grands, faciles ou difficiles. Choisir une direction plutôt qu’une autre. Ces choix déterminent qui nous sommes et ce que nous devenons. Il en va de même pour mon fil qui, constamment, change de direction et s’obstine, dans son parcours, sur certaines zones plus que sur d’autres, pour au final révéler la singularité de l’Être qu’il dessine », explique Véronique Boyens.

Enfin, son travail met également en exergue la perception très incomplète et souvent erronée que nous avons du monde qui nous entoure. Nos sens ne captent qu’une infime partie de la réalité ; notre cerveau perçoit les choses sans toujours savoir les expliquer.